I. Panthère noires
Chapitre 1
J'étais en C.E.2 lorsqu'Alakie, une de mes amies, avait eu l'idée de donner un nom à notre petite bande : les "P'tites Chattes". Avec une apostrophe. Alakie était une léoparde douée à l'école, mais pas tellement du genre à passer tout son temps libre sur ses leçons. Elle écoutait en cours, faisait son travail en temps et en heure, révisait ses leçons et était la meilleure de sa classe. Ma grande soeur, Noirette, lui en avait toujours voulu d'être meilleure qu'elle. Comme elle en voulait à Blanche d'être la meilleure amie d'Alakie alors que c'était une tigresse plutôt cancre. Blanche était un peu l'opposé de la léoparde, en ce qui concernait l'école : elle ne faisait pas toujours ses exercices à temps, n'écoutait rien de ce que lui disait sa maîtresse et apprenait à peine ses leçons. Noirette en revanche était studieuse et organisée ; elle étudiait au moins deux heures par jour et relisait environ dix fois ses exercices avant de les estimer terminés. Paillette et moi aimions beaucoup l'embêter pendant qu'elle travaillait, alors que nous avions terminés nos propres devoirs. Certes, nous n'obtenions pas des résultats aussi bons que les siens, mais les nôtres étaient pourtant satisfaisant. A chaque fois, Maman nous rabrouait d'un "Noiraude et Paillette ! Laissez votre soeur tranquille !" et ma petite soeur et moi pouffions en regagnant notre chambre. En réalité, Paillette n'était que ma soeur adoptive. En effet, elle était une panthère noire, tandis que Noirette, Maman et moi étions des chattes. Ses parents avaient un jour été enlevés par des humains, mais avaient permis à Paillette de s'enfuir. Nous l'avions trouvée assise au bord d'un trottoir, un jour que nous revenions des courses hebdomadaires, et Maman avait décidé de l'adopter.
J'entrai dans la cour de l'école à la suite de Noirette et Paillette et cherchai Alakie des yeux. Ce fut elle qui nous aperçut la première. La léoparde s'approcha et lança :
- Salut ! Vous ne savez pas où est Blanche ?
- Non, répondit Noirette.
- La voilà ! annonça Paillette.
Je me retournai et vit la tigresse courir vers nous.
- Alors, qu'est-ce que tu nous as préparé, aujourd'hui, Alakie ?
En effet, depuis qu'elle nous avait trouvé un nom, elle voulait toujours "organiser des activités dans le cadre de notre bande", pour reprendre ses propres mots.
La léoparde sourit et déclara :
- Oui, et c'est pour cet après-midi si vos parents sont d'accord. Une sortie au parc cet après-midi, ça vous dit ?
J'éclatai de rire et Alakie me demanda ce qu'il y avait de si drôle.
- Tu nous proposes d'aller au parc comme si c'était une nouveauté, alors que nous y allions déjà presque toutes les semaines.
- Eh, ne me gâche pas ma joie, s'il-te-plaît ! Je suis bien contente de ma trouvaille, alors fais -moi plaisir et tais-toi.
- Tu vas pleurer, sinon ?
Elle leva les yeux au ciel, mais je voyais bien qu'elle retenait son sourire.
- J'espère que vos mères sont d'accord ? Mais on va dire que oui, puisqu'elles l'étaient déjà avant. A moins que vous n'ayez fait des bêtises et soyez interdites de sorties ?
- Pour nous, c'est bon, confirma Noirette.
Alakie se tourna vers Blanche, qui acquiesça. Ses parents lui laissaient beaucoup de libertés. Trop, à mon avis. A vrai dire, ils n'étaient pas souvent chez eux.
- Bon, alors il ne reste plus qu'à convaincre ma mère de me laisser venir avec vous, conclut la léoparde.
Ce fut au tour de Blanche de rire.
- Tu nous proposes une "activité dans le cadre de notre bande" sans être sûre de pouvoir venir ? pouffa-t-elle, et à part ça, ça va ?
- Très bien, merci, sourit Alakie.
Me faisant sursauter, la sonnerie annonçant la fin de la récréation retentit. Je soupirai et me dirigeai vers le rang de la classe de C.E.2. Heureusement, nous étions un samedi matin, et il n'y aurait pas classe l'après-midi.
A midi, je sortis de la salle et rejoignis mes amies. C'était à la mère d'Alakie, Arranè Sandéri, de venir nous chercher.
- Maman, je peux aller au parc, cet après-midi ? interrogea la léoparde tandis que nous montions dans la voiture.
- Si tu fais tes devoirs d'abord, oui. Mais tu n'es pas obligée de crier, je ne suis pas encore sourde.
